Dr. A. Bacir Benzair ;Le Fell ou la nuit coloniale
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Le Fell ou la nuit coloniale

L’Histoire de la colonisation française de l'Algérie révèle des atrocités commises contre les Arabes nulle part atteintes ailleurs, en particulier lors de la conquête du pays. Bugeaud et ses officiers se faisaient concurrence à qui décapite le plus de combattants algériens. Celui qui illustre cette monstruosité et qui dépassa, dans ce type de comportement horrible, les Pélissier (colonel qui fut promu général, puis Maréchal après son héroïsme des enfumades-voir plus loin), les Bourmont, les Damrémont, et bien d’autres héros sur les crimes de masses des civils, fut certainement le colonel Lucien montagnac.
François Joseph Lucien de Montagnac (Pouru-aux-Bois, 27 mai 1803 – Sidi-Brahim, 23 septembre 1845) est un officier français, responsable de nombreux massacres à l'encontre des populations civiles durant la conquête de l'Algérie.
Le 18 juillet 1841, il est élevé au grade de chef de bataillon. Pendant cette période, il s'illustre par sa brutalité à l'égard des populations locales. « Nous nous sommes établis au centre du pays… brûlant, tuant, saccageant tout, écrit-il le 2 mai 1843. Quelques tribus pourtant résistent encore, mais nous les traquons de tous côtés, pour leur prendre leurs femmes, leurs enfants, leurs bestiaux. » Son acharnement n'épargne pas les femmes : « On en garde quelques-unes comme otages, les autres sont échangées contre des chevaux, et le reste est vendu à l’enchère comme bêtes de somme. » et il vante les exécutions sommaires qu'il multiplie. Dans sa correspondance lors de la conquête d'Algérie, publiée par son neveu, on trouve les phrases suivantes: « Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux arabes : tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger des bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs ; en un mot en finir anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens… », et aussi: « [...] Qui veut la fin veut les moyens. - selon moi, toutes les populations qui n’acceptent pas nos conditions doivent être rasées, tout doit être pris, saccagé, sans distinction d’âge ni de sexe ; l’herbe ne doit plus pousser où l’armée française a mis le pied ».
« … Tout ce qui vivait fut voué à la mort… On ne fit aucune distinction d’âge, ni de sexe… En revenant de cette funeste expédition plusieurs de nos cavaliers portaient des têtes au bout de leurs lances… »
Il écrira : « Pour chasser les idées qui m’assiègent parfois, je fais couper des têtes, non pas des têtes d’artichauts, mais bien des têtes d’hommes. » (Lettre datée du 31 mars 1842). Il confirmera à plusieurs reprises ses faits d’armes par des relations épistolaires
• • Lucien de Montagnac, Lettres d'un soldat, neuf ans de campagne en Afrique, Plon, Paris, 1885, lettre à un ami, 15 mars 1843, p. 299 :
« On ne se fait pas d'idée de l'effet que produit sur les Arabes une décollation de la main des chrétiens : ils se figurent qu'un Arabe, qu'un musulman, décapité par les chrétiens ne peut aller au ciel ; aussi une tête coupée produit-elle une terreur plus forte que la mort de cinquante individus. Il y a déjà pas mal de temps que j'ai compris cela, et je t'assure qu'il ne m'en sort guère d'entre les griffes qui n'aient subi la douce opération. Qui veut la fin veut les moyens, quoi qu’en disent nos philanthropes. Tous les bons militaires que j’ai l’honneur de commander sont prévenus par moi-même que s’il leur arrive de m’amener un Arabe vivant, ils recevront une volée de coups de plat de sabre. (...) Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux Arabes: tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger des bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs; en un mot, anéantir tout ce qui ne rampe pas devant nous comme des chiens. »
• • Ibid., lettre à sa sœur, 19 décembre 1844, p. 427 : « Et ces malheureuses populations aujourd'hui si vivaces, si belles, que deviendront-elles ? Elles iront toutes mourir de misère sur le bord d'une fontaine tarie ; celles qui échapperont au désastre viendront s'étioler sous les miasmes de notre civilisation infecte, et s'éteindre bientôt. Tel est pourtant le sort réservé à tous ces êtres que les évènements ont placés sous notre domination. Là où nous passons, tout tombe. »
Dr AB Benzair
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